Comment réussir vos photos d'hélicoptères ?
Des conseils pour bien choisir votre équipement photo et réussir vos photos hélico
(Photo G. BOUR)
Prise de vue avec un téléobjectif Canon EF 100-400 IS
La photographie d'hélicoptères se rapproche de la photographie de sport ou de la photo animalière : pour réussir ses photos, il faut surmonter les contraintes imposées par le mouvement et la distance. Je vous propose de partager ici mon expérience personnelle.
La photographie d'hélicoptères est donc particulièrement exigeante en terme de matériel, on s'orientera rapidement vers du matériel haut de gamme. L'avantage est qu'avec un tel équipement, vous arrivez à faire face à la plupart des situations extrêmes. Et en photo, celles-ci arrivent plus vite qu'on ne le croit : qui n'a pas raté une photo d'enfant qui courrait "trop" vite vers lui, d'oiseau qui sur la photo n'était plus qu'un petit point dans le ciel, de repas de famille où on n'arrivait pas à mettre tout le monde sur la photo, d'intérieur de musée où on n'avait pas le droit de se servir du flash...
Personnellement j'ai utilisé des réflex CANON de 2004 à 2013 puis des réflex NIKON depuis 2013. Et toujours dans la gamme que les constructeurs appellent "expert" pour bénéficier de la multiplication par 1,6 ou 1,5 de la focale des objectifs. A chaque fois, c'est le choix du téléobjectif qui a dicté mon choix. Actuellement les téléobjectifs des 2 constructeurs sont équivalents en piqué, mais je me suis attaché aux règlages que me permettent les réflex NIKON.
(Photo David GASNIER)
Avec mon matériel CANON
(Photo Stéphane GIMARD)
Avec mon matériel NIKON
Chez CANON, mon dernier équipement comportait 2 boitiers réflex numériques CANON EOS 40D, 3 zooms CANON à stabilisation optique : EF 100-400 f:4,5-5,6 ; EFS 15-85 f:3,5-5,6 ; EFS 10-22 f:3,5-4,5.
Chez NIKON, mon équipement actuel comporte 2 boitiers réflex numériques NIKON : un D7100 et un D500, 3 zooms NIKON à stabilisation optique : AFS 80-400 f:4,5-5,6 ; AFS 16-80 f:2,8-4, AFS 10-24 f:3,5-4,5.
Les photos d'hélicoptères en vol
(Photo André BOUR)
Sur cette photo, l'hélicoptère arrivait vers ma position, il a fallut très vite passer du zoom 100-400 au zoom 15-85. Avoir 2 boitiers est indispensable dans ce cas. J'étais placé avec le soleil derrière moi, d'où le beau rendu des couleurs du camouflage
La photographie des appareils en vol, prises du sol, présente 2 difficultés liées à la distance et au mouvement.
Pour la distance, la solution est le zoom téléobjectif et pas des moindres car un 200 mm ne suffit pas, il faut plutôt un 400 mm et plus. Mais à ces focales, le moindre bougé ne pardonne pas. Et comme les appareils sont en mouvement souvent haut dans le ciel, l'utilisation d'un pied n'est pas adapté. La stabilisation optique est alors indispensable... Et ça marche ! Les zooms à stabilisation comportent dans leur désignation l'abréviation VR chez NIKON et IS chez CANON.
En matériel CANON, mon choix c'était porté vers le CANON EF 100-400 IS f:4,5-5,6. Il fait partie des zooms de couleur blanche utilisés par les photographes professionnels de sport qu'on voit autour des stades. Monté sur un reflex numérique à capteur x1,6 il devient un 160-640 ! Depuis 2015, une version II est disponible, encore plus qualitative
En matériel NIKON, mon choix c'est porté sur l'AFS 80-400 VR f:4,5-5,6 N. C'est un zoom au piqué remarquable. Monté sur un reflex numérique à capteur x1,5 il devient un 120-600 !
Certains spotteurs courageux investissent également dans un téléobjectif à focale fixe de type 500 f:4. Il faut alors être prêt à supporter le coût d'acquisition mais aussi l'encombrement et le poids : c'est plus de 3 kg dans le sac ou à bout de bras. Mais cela permet d'aller chercher des photos de qualité là où un 100-400 va être à la peine en terme de distance ou de luminosité.
(Photo André BOUR)
Stéphane Gimard avec son téléobjectif CANON 500 f:4
Pour le mouvement, il faut que votre appareil déclenche le plus vite possible. Celà suppose que l'autofocus soit à la hauteur, sinon la photo sera floue ou le sujet décalé voir même hors du cadre. Un appareil réflex fait toute la différence.
Par ailleurs, il est important de pouvoir prendre plusieurs photos en rafale. Au final cela permettra de ne retenir que celles qui sont les plus pertinentes. Avec la photo aérienne d'hélicoptère ceci est d'autant plus important qu'une mauvaise position des pales du rotor peut gâcher une photo. Il faut donc que l'appareil déclenche vite sur une série de plusieurs photos.
En matériel CANON, mon dernier réflex était le CANON EOS 40D : 6,5 images / seconde, 10 M pixels
L'objectif standard toujours monté sur un de mes 2 boitiers : le CANON EFS 15-85 IS f:3,5-5,6 (monté sur un réflex numérique à capteur x1,6 il devient un 24-136)
En matériel NIKON, mon premier appareil est un D7100 : 6 images / seconde, 24 M pixels
L'objectif standard toujours monté sur le D7100 : le NIKON AFS 16-80 VR f:2,8-4 (monté sur un réflex numérique à capteur 1,5 il devient un 24-120)
Mon second appareil NIKON est un D500 : 10 images / secondes, 20 M pixels. J'ai longtemps hésité avant de monter en gamme mais je ne le regrette pas : rafale sans interruption, montée en ISO de qualité
Pour suggérer le mouvement des rotors sur la photo, les pales doivent apparaîtrent légèrement floutées. Cela suppose de ralentir la vitesse de prise de vue.
(Photo André BOUR)
Photo prise à 1/250ème de seconde, les rotors apparaissent en mouvement
Pour la prise de vue, ne pas oublier qu'il vaut mieux toujours être avec le soleil, c'est ainsi que les couleurs sont les plus belles. Même si lors des meetings aériens on n'a pas toujours le choix, il faut bien repérer l'axe de la piste, les changements de position du soleil en cours de journée, la partie du ciel la moins en contre-jour. Penser aussi à l'arrière-plan : nuages ou végétation. Evitez autant que possible les antennes et les fils électriques.
Sur le terrain on n'a que rarement le temps de changer d'objectif : la solution est d'avoir deux boitiers : l'un avec un téléobjectif quand l'hélicoptère est loin, l'autre avec un zoom standard quand l'hélicoptère est plus près.
Les photos d'hélicoptères au sol
Pour les machines au sol, la plupart des appareils photos peuvent convenir, à condition de pouvoir s'approcher des machines.
Un objectif grand angle peut cependant très vite s'avérer appréciable :
- pour les photos de cockpit ou d'intérieur de cabine
- si on est trop près d'un appareil et qu'on ne peut pas s'éloigner (ça arrive vite quand il y a des barrières inesthétiques ou quand il s'agit de très gros appareils comme un CH53 ou un Chinook)
Avec un réflex numérique, les focales sont généralement multipliées par 1,6. Pour que votre zoom grand angle le reste, il faut vraiment aller chercher les courtes focales.
J'avais opté pour le zoom grand-angle CANON EFS 10-22 f:3,5-4,5 (monté sur un réflex numérique à capteur x1,6 il devient un 16-35)
J'ai récemment acquis l'équivalent chez NIKON, l'AFS 10-24 f:3,5-4,5 (monté sur un réflex numérique à capteur 1,5 il devient un 15-36)
La possibilité de règlage de la sensibilité sur 1600 ISO est un plus pour compenser le manque de luminosité du zoom s'il ne descend pas à f:2,8 ou f:4, sans avoir à utiliser de flash.
Pour la prise de vue, une fois encore ne pas oublier qu'il vaut mieux toujours être avec le soleil, c'est ainsi que les couleurs sont les plus belles. Ne pas hésiter à se baisser pour changer de point de vue. Attention aux détails qui vous gâchent une photo : antennes, personnes qui passent derrière... Soyez patients, déplacez vous, revenez plusieurs fois, c'est incroyable comment les conditions peuvent changer.
Sur le terrain on n'a que rarement le temps de changer d'objectif : la solution est d'avoir deux boitiers : l'un avec un zoom standard, l'autre avec un grand-angle pour les photos à l'intérieur des appareils.
Les photos aériennes
(Photo André BOUR)
Ici à bord d'un hélicoptère Bell 206 JetRanger au Zimbabwé, au-dessus du fleuve Zambèze, à l'approche des chutes Victoria. J'étais à la place du co-pilote, la photo est prise au grand-angle. Avec le peu de recul, l'utilisation du grand-angle était la seule solution pour avoir une vue d'ensemble avec le pilote et le cockpit
(Photo André BOUR)
Photo aérienne prise d'un hélicoptère, porte ouverte. Avec la vitesse de l'hélicoptère une vitesse rapide est indispensable, la stabilisation optique également
Pour les photos aériennes, la plupart des appareils photos peuvent convenir. Toutefois le matériel décrit précédemment s'impose très vite si on veut photographier des détails au sol (une maison par exemple) ou si on veut faire une photo avec le pilote ou les passagers à l'intérieur de l'habitacle.
Attention à ne pas prendre toutes les photos avec le paysage seulement. C'est un réflexe naturel, mais au retour on ne se rendra pas compte d'où est prise la photo. Pour cela il faut faire quelques photos avec "un bout d'hélicoptère" : montants de la cabine, partie du cockpit. Il est donc intéressant d'alterner les photos sans, puis avec, un montant ou le cockpit de l'appareil.
Mon équipement pour les photos aériennes : un boitier avec zoom standard, un boitier avec alternativement un grand-angle ou un téléobjectif.
Sur le terrain
La sortie sur le terrain doit se préparer minutieusement :
- De quelle autonomie a-t'on besoin ? De la réponse découle le nombre de batteries à emporter. Une poignée (grip) permet de charger 2 batteries simultanément et améliore le maintien lorsqu'un grand zoom est monté sur le boitier. Personnellement je n'utilise plus de grip à cause de l'encombrement et du poids. Ceci dit l'autonomie des appareils a fait d'énorme progrès, et en général une seule batterie de rechange s'avère suffisante. Lors d'un reportage sur plusieurs jours il ne faut pas oublier de recharger chaque soir
- Les avions ou les hélicoptères se posent-ils devant nous ? Dans ce cas, on n'aura pas le temps de changer d'objectifs et 2 boitiers seront indispensables
- Combien de photos seront prises ? En fonction de la réponse il faudra avoir le bon nombre de cartes mémoire. Sur plusieurs jours, il faut penser au portable pour décharger les cartes mémoire, contrôler les photos sur grand écran, sauvegarder les photos sur un disque dur externe. Depuis 2016 j'utilise une tablette tactile Surface sous Windows 10 que je peux connecter en USB à mes boitiers.
- Un sac adapté sera également le bienvenu. Il y a 2 formes : le sac à dos ou le sac d'épaule
Sac à dos LOWEPRO CompuTrekker AW
Le rangement interne est très pratique, une housse de protection contre la pluie est intégrée. Il permet d'emporter un portable. La solution sac à dos convient bien s'il faut rester mobile, par contre pour manipuler le matériel le sac doit être posé au sol. Indispensable pour un déplacement en avion ou en train.
Sac d'épaule LOWEPRO Stealth Reporter 500 AW
Le rangement interne est très pratique, une housse de protection contre la pluie est intégrée. On peut manipuler le matériel sans poser le sac à terre. Par contre on n'y range pas un portable. Adapté pour un déplacement en voiture, où le portable est dans un bagage séparé
- Protéger ses objectifs avec un cache-soleil adapté (vendu parfois en option). Personnellement je n'utilise plus de filtres UV.
- Se protéger du soleil avec une casquette et une tenue adaptée, car même avec des nuages, le résultat peut être "cuisant" après une journée d'exposition
- En cas de pluie, prévoir une housse pour protéger l'appareil et le zoom et qui permette de continuer à photographier (à condition qu'il ne pleuve pas trop fort, car alors les trainées de pluie vont "ruiner" les photos)
- J'ai remplacé les lanières de mes boitiers par des lanières Lowepro plus confortables et plus discrètes que celles d'origine qui affiche les marques en grand et vous transforme en panneau publicitaire ambulant
Sur l'ordinateur
Le micro-ordinateur est le prolongement naturel de l'appareil photo numérique.
Pensez avant tout à la sécurité de vos photos : après les avoir chargées sur votre ordinateur, faites immédiatement une copie sur un disque dur externe, avant de les supprimer de la carte mémoire. Règle d'or : toujours 2 exemplaires de vos photos à conserver à 2 endroits différents, dans vos déplacements mais aussi à votre domicile.
Pour visualiser les photos, les trier, les retoucher, un grand écran est le bienvenu. Les critères les plus important sont la fidélité d'affichage des couleurs et la résolution.
Personnellement j'ai acquis un écran 27 pouces Asus ProArt de résolution 2560 x 1440 qui affiche 100% des couleurs RGB
Adopter un logiciel graphique qui vous permette de recadrer vos photos en conservant le rapport voulu (3:2 en général), de les retoucher si besoin est, de réduire le grain, puis de les rééchantillonner à la taille voulue.
J'utilise Adobe Photoshop Elements. J'apprécie la simplicité de la retouche, par exemple pour éclaircir les zones sombres, ainsi que la bonne gestion du rééchantillonnage des photos et de la compression pour le web
J'utilise également depuis quelques années DXO Optics pour la correction du bruit et des couleurs
Mon flux de traitement des photos est le suivant :
- Chargement sur micro
- Classement par catégorie (appareil, démonstration...)
- Sélection des photos les plus pertinentes
- Sous Photoshop : recadrage et retouche si nécessaires
- Sous DXO : traitement du grain et des couleurs
- Sélection définitive
- Sous Photoshop : rééchantillonnage par lots
Sans oublier après chaque session de travail, une sauvegarde sur disque dur externe.
Dernière mise à jour le 20 septembre 2017
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